Face au changement climatique, les viticulteurs de Saône-et-Loire s'engagent

Publié le 10 octobre 2023

Des adaptations culturales face au changement climatique

Hauteur de rognage, effeuillage, paillage, produit barrière…des essais sont en cours chez les viticulteurs de Saône-et-Loire pour s’adapter face au réchauffement climatique.

Après plusieurs millésimes caractérisés par de fortes chaleurs impactant directement la production en quantité et en qualité, les viticulteurs s’allient au Vinipôle Sud Bourgogne afin de trouver des solutions d’adaptation. Deux objectifs principaux sont ciblés, un maintien des rendements et une qualité produite correspondant aux cahiers des charges des appellations Bourguignonnes. Depuis 2022, l’interprofession (BIVB) et le Conseil Régional BFC coordonnent ce projet de recherche permettant de tester des pratiques selon 3 axes : gestion de la canopée, entretien des sols et produits barrières sont testés chez une dizaine de viticulteurs en Saône-et-Loire. L’objectif du programme STRATAGEME est de proposer aux vignerons des leviers d’adaptation au changement climatique d’ici fin 2024.

Ainsi, 12 parcelles sont suivies de près afin de mesurer les effets sur les contraintes hydrique et thermique. De plus, des paramètres analytiques des moûts viennent compléter ces résultats afin de répondre aux attentes concernant l’équilibre sucre/acide.

Produit barrière Kaolin

Plaquette forestières

Des résultats encourageants

Les deux premières années de mesures caractérisées par des vagues de chaleur et des périodes de sécheresse permettent de mettre en évidence des tendances encourageantes de certaines pratiques.

Différentes modalités d’effeuillage mécanique ont pu être testées et comparées sur une parcelle de Pinot Noir. Un effeuillage apical sur les deux faces, réalisé au-dessus de la zone des grappes ressort en 2022 et en 2023 comme ayant de nombreux avantages en condition chaudes et séchantes. D'après les premiers résultats il permettrait à la fois de limiter la contrainte hydrique et de limiter la contrainte thermique (réduit significativement les symptômes d’échaudage comparé à un effeuillage en zone des grappes). Cette pratique semblerait également ralentir la maturation. A l’inverse, les modalités effeuillées au niveau de la zone des grappes paraissent être peu adaptées face à des conditions climatiques extrêmes. Elles subissent fortement les effets des rayonnements solaires ce qui engendre des pertes de rendement importantes et une maturation anticipée.

Effeuillage zone des grappes

Les parcelles paillées avec des plaquettes de bois forestières contribuent à créer un microclimat. Ainsi, nous avons pu relever leurs effets tampons concernant les changements importants de température et de maintien d’une humidité constante au niveau du sol. Cette pratique semble donc avoir un effet intéressant concernant le stress thermique et hydrique subit par la vigne. De plus, cette pratique permettrait d’obtenir une augmentation des rendements tout en améliorant la qualité des moûts produits, une observation qui reste à confirmer durant la dernière année de mesure. Un point de vigilance est cependant à noter, des carences azotées aigues sont relevées sur les modalités paillées !

Dans l’axe produit barrière, le Kaolin est testé sur 2 parcelles (en Chardonnay et en Pinot noir). Ce produit permet de couvrir le feuillage d’un voile blanchâtre réfléchissant ainsi les rayonnements solaires. Les deux années de mesures effectuées semblent montrer une efficacité de cette pratique pour limiter la contrainte thermique, avec   une réduction des symptômes d’échaudage par rapport au témoin non traité. Cependant, ce produit ne montre pas à ce jour d’intérêt en termes de contrainte hydrique ou de qualité de moût.

Les résultats issus des années de mesures 2022 et 2023 nous permettent d'extraire des tendances concernant les pratiques. La fin du projet étant annoncée pour 2024, des conclusions pourront être tirées seulement a posteriori des 3 années de mesures.

Toutes les adaptations culturales en plus d’être évaluées sur le plan technique sont également suivies économiquement afin de quantifier les investissements et la charge de travail que chacune d’entre elles nécessitent.

Les résultats techniques, économiques et sociaux seront publiés en totalité à la fin 2024 !