Une fosse pédologique pour comprendre le sol

Outre les analyses de sol, de nombreux moyens restent à la disposition des viticulteurs pour évaluer la qualité du sol de leurs parcelles. Réaliser un profil cultural à travers l'étude d'une fosse pédologique est un premier pas dans un diagnostic agronomique de ses sols. Avec de l'huile de coude, un matériel adapté et surtout du temps pour la réalisation du trou et de l'analyse, vous voilà paré : votre sol n'aura plus aucun secret pour vous !

Le jeudi 21 avril, Mathieu Oudot, conseiller viticole à la Chambre d'Agriculture 71, en association avec BIO3G et le Domaine du Meix Foulot, s'est entretenu avec les professionnels lors d'une après midi technique pour " mieux comprendre les leviers agronomiques de vos parcelles afin d'améliorer la fertilité de vos sols ".

Au programme de cette après-midi technique, l'ouverture d'une fosse pédologique et l'étude de 3 critères essentiels : les observations physiques, l'activité biologique et les observations chimiques. 

Où et comment creuser une fosse ?

Il s'agit d'une coupe verticale du sol, réalisée à la main ou avec l'aide d'un tractopelle ou d'une mini-pelle, permettant l'exploration du sol jusqu'à la roche sous-jacente ou à son altération. Sa position est importante en fonction de l'objectif : 

• La vigne fonctionne bien, la production est bonne et la qualité au rendez-vous. Creuser dans cette zone vous donnera un point de repère dans un contexte satisfaisant .
• Vous avez repéré des dysfonctionnements,  la vigne présente des problèmes de sensibilité à la sécheresse, de vigueur ou des carences. S'intéresser à cette zone pourra vous apporter des éléments de réponse.

Quels sont les objectifs de l'examen ?

L'examen d'une fosse pédologique vous permettra :

• D'analyse en détail la structure du sol en profondeur et d'estimer l'exploration racinaire : de la vigne, des adventices ou des couverts végétaux, afin de détecter des zones de compactions.
• D'estimer l'efficacité d'une fertilisation ou des engrais verts. Des matériaux non dégradés dans les 30-40 premiers centimètres peuvent exprimer une mauvaise adéquation de la fertilisation organique avec la vie biologique des sols.
• D'évaluer l'activité de la macrofaune du sol (notamment les lombrics)
• D'estimer la texture et structure du sol qui sont des indicateurs précieux pour estimer la réserve hydrique. Voire d'identifier des zones d'hydromorphie temporaire ou permanente.
• D'estimer les hauteurs des différents horizons du sol : profondeur de la roche mère, quantité de la couche arable, éventuelle inversion des horizons, pourcentage de cailloux.

Des analyses simples complémentaires permettent de valider l'analyse visuelle :

• Utilisation d'acide chlorhydrique : Il permet d'estimer de manière approximative le taux de calcaire dans les sols, selon le son et l'aspect visuel. Ainsi, un sol peu calcaire, en contact avec l'acide, réagira peu voire pas, n'émettant que peu de frémissements. A l'inverse, un sol riche en calcaire actif, réagira bruyamment, avec obtention d'une mousse en surface de la terre. Afin d'avoir un résultat proche de la réalité du sol viticole, il est important de supprimer la première couche de terre, souvent plus acide.
• Utilisation de l'eau oxygénée : Elle permet d'estimer la teneur en matière organique des sols. De même que l'acide pour le calcaire, plus la terre réagira, plus elle est potentiellement humifère.