Une soirée fluo pour y voir plus clair

Publié le 3 août 2022

Le Vinipôle Sud Bourgogne a accueilli le 19 juillet dernier, une trentaine de viticulteurs et professionnels de la filière venus participer à une soirée consacrée à la pulvérisation. L'objectif de ce rendez-vous : évaluer la qualité de pulvérisation de plusieurs types de matériel tout en échangeant entre professionnels. La qualité de pulvérisation est un des éléments déterminants dans la réussite de la stratégie phytosanitaire, il est donc primordiale de la maitriser au mieux. Un rendez-vous porté par la Chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire et le Vinipôle Sud Bourgogne. 

Une soirée en 3 temps 

En début de soirée, de la fluorescéine a été pulvérisée par les différents appareils comparés. Ce colorant habituellement utilisé comme traceur de fuite, se révèle à la nuit tombée à l'aide de lampe à UV. Au total, 5 pulvérisateurs ont été soumis au test :

  • Turbine SOLO : montée en fonctionnement en Jet Porté dans le rang. Il s'agit d'une configuration "originale" avec des diffuseurs au milieu de la végétation.
  • Un pulvérisateur " Hybride " : 3 descentes face/face en jet porté derrière l'enjambeur, et canon (également en jet porté) sur les côtés. Pour le viticulteur, l'objectif est de faciliter les manœuvres et la maniabilité par rapport à 5 descentes. (Montage de buse anti- dérive d'un côté)
  • Descentes face/face en jet porté classique (IDEAL).
  • Descentes face/face pneumatique (Bobard Polyjet)
  • Descentes face/face en jet porté (Berthoud) + 2 mains au extrémité (l'objectif est de traiter 8 rangs avec 7 descentes + 2  demi rangs sur les cotés afin de là encore optimiser l'encombrement)

         

   

© Anne Pinatel

A la suite de la pulvérisation, les participants ont pu se rendre dans les locaux du Vinipôle pour assister à une courte présentation des derniers travaux de recherche.

Une introduction sur le choix du matériel et buses ainsi que l'importance d'une bonne qualité de pulvérisation et de limitation de la dérive a été faite, toujours dans l'intérêt du viticulteur pour assurer une protection optimale de son vignoble. Puis, les premiers résultats ont été présentés sur l'adaptation de la dose au volume foliaire, essais menés par l'IFV en collaboration avec le pôle ; les viticulteurs ont ensuite pu découvrir la certification « Performance pulvé » dont l'objectif est de qualifier la performance agro– environnementale des pulvérisateurs viticoles.

Enfin, l'occasion était toute trouvée pour présenter les spécificités de la Charte Riverains actuellement en application qui concerne l’ensemble des activités agricoles du département et vise à favoriser un bon niveau de dialogue entre les utilisateurs de produits phytopharmaceutiques et leurs riverains.

Ce n'est qu'aux alentours de 22h que les viticulteurs ont été invités à se rendre dans les vignes pour voir le résultat des différents passages. Dans l'ensemble les appareils présentés ont montré une bonne qualité de pulvérisation, mais quelques nuances ont pu être observées selon les configuration et technologie. Il est toutefois important de noter que les montages correspondent à l'utilisation de chaque propriétaire, avec les caractéristiques qui lui sont propres, et ne représentent pas intégralement les performances intrinsèques au type ou à la technologie de pulvérisation.

  • Turbine SOLO : La couverture globale est bonne avec la face inférieure et le cœur du pied est plutôt bien couverte. La répartition est hétérogène, avec presque un surdosage au niveau des diffuseurs, et des impacts bien moins nombreux sur le haut du feuillage. Bonne pulvérisation en utilisation tous les 4 rangs (avec recroisements), ne pas chercher à "écarter plus".
  • Pulvérisation Hybride : Bonne couverture dessus/dessous/grappes pour les descentes (conforme à ce qui était attendu). Les canons sur les coté permettent également une bonne couverture, dans la mesure où il y a recroisement (une face touchée à l'allée, l'autre face touchée au retour). L'inconvénient reste lé dérive plus importante avec une pression et une vitesse d'aire fortes et surtout une distance buse/végétation plus importante. Les buses anti-dérives permettent d'obtenir des impacts plus importants (gouttes plus grosses) qui potentiellement limite la dérive (non mesurée). 
  • Descentes IDEAL : Bonne couverture, homogène de bas en haut et sur face supérieure et face inférieure.
  • Descente pneumatique : La couverture est limitée avec une pénétration dans le pied insuffisante. Le passage a été fait à 6 km, ce qui s'avère être une vitesse de travaille trop importante. Ce type de matériel donne habituellement de bon résultats pour des vitesses adaptées (5 à 5.5 km/h).
  • Descente Jet porté Berthoud + mains aux extérieurs : Très bonne couverture des feuilles et grappes avec les descentes. En revanche les mains sur les cotés s'avère insuffisantes : couverture hétérogène (peu de produits en bas de la végétation et zone des grappes). Cette observation montre la complexité de ces diffuseurs (qui donnent habituellement de meilleurs résultats à condition de bien régler l'orientation, la hauteur, le centrage, etc.)

© Anne Pinatel

© Anne Pinatel

Au final, cette méthode appréciée par les viticulteurs, pour son côté ludique et très visuelle, permet de constater directement après pulvérisation les différences existant entre les technologies sur le marché. Cette soirée pédagogique aura donc permis d'échanger et d'argumenter sur les facteurs clés d’une pulvérisation réussie : régler les appareils de traitements avant chaque campagne pour cibler la végétation et la grappe, conseils pour la réduction de la dérive et la modulation des doses, critères du choix du matériel.